• Le Pays des fourrures

    Le Pays des fourrures

    Le lieutenant Jasper Hobson a été chargé par la Compagnie de la Baie d'Hudson de fonder une nouvelle factorerie au Nord, au-delà du 70e parallèle. Secondé par le Sergent Long, accompagné d'une voyageuse-aventurière, Mrs Paulina Barnett, de sa dame de compagnie Madge et d'un astronome désirant faire une observation d'une éclipse solaire au-delà du cercle polaire, Thomas Black.
    Arrivé au nord, ils trouvent l'endroit idéal et établissent une factorerie. Seulement, leur lieu idéal se trouve à être une calotte de glace rattachée au continent et couvert de terre qu'une éruption volcanique sépare bientôt de la terre ferme, entraînant les malheureux pionnier ainsi que leur île à la dérive en plein océan Arctique!

    Le Pays des fourrures

    Jules Verne est le seul auteur majeur du XIXe siècle français qui se soit intéressé de manière soutenue au Canada, qu’il appelait « mon pays de prédilection ». Il est pourtant fascinant de constater que, dans toute son existence, Jules Verne aura passé moins de vingt-quatre heures au Canada : tout son savoir sur la géographie, l’histoire, l’ethnologie et les mœurs du pays lui proviennent de sources livresques et, surtout, de la presse contemporaine, tant quotidienne que périodique.

    Dans un entretien de 1893 avec le journaliste Robert Sherard, Jules Verne explique sa méthode de travail. Écoutons-le :

    J’ai toujours avec moi un carnet et, comme ce personnage de Dickens , je note d’emblée tout ce qui m’intéresse ou pourrait me servir pour mes livres. Chaque jour après le repas de midi, je me mets immédiatement au travail et je lis d’un bout à l’autre quinze journaux différents, toujours les quinze mêmes, et je peux vous dire que très peu de choses échappent à mon attention. […] Ensuite, je lis les revues, comme la Revue bleue, la Revue rose, la Revue des deux mondes, Cosmos, La Nature de Gaston Tissandier, L’Astronomie de Flammarion. Je lis aussi entièrement les bulletins des sociétés scientifiques et en particulier ceux de la Société de Géographie, car vous remarquerez que la géographie est à la fois ma passion et mon sujet d’étude. […] Je lis aussi et relis, car je suis un lecteur très attentif, la collection Le Tour du monde qui est une série de récits de voyages. J’ai jusqu’à maintenant amassé plusieurs milliers de notes sur tous les sujets, et aujourd’hui, j’ai chez moi au moins vingt milles notes […] ".

    Le Pays des fourrures

    Le Pays des fourrures est un roman de l’exploration nordique, qui met en scène tout le savoir géographique, très précis, de Verne. L’imaginaire du voyage nordique, déjà exploité par l’auteur dans Les Anglais au Pôle Nord, est réinvesti dans le cadre du nord-ouest canadien. Certaines grandes topiques seront ici mises de l’avant afin de voir comment ce roman met en forme l’imaginaire social : nordicité, monde polaire, grands froids, survie dans les mondes sauvages et glacés, etc.

    Le Pays des fourrures

     

    Nous voilà partit pour le grand Nord Canadien.  L'histoire à proprement parler est dans la droite ligne de d'autres aventures.  Les rebondissements sont peu nombreux et assez prévisible et le sort s'acharne sur les pauvres habitants de la factorerie. Les gens y sont droits, moraux et capables de tout accomplir à l'excès.  Toujours prêts à travailler, sans se laisser gagner par la terreur ou encore par la peur. Tels sont les héros de Vernes. L'aventure est typiquement vernienne, en ce sens qu'on mélange l'impossible avec le possible de manière brillante. L'histoire en est une de détermination, de courage et d'ingéniosité face aux forces de la nature, toutes choses qui sont universelles.

    Le Pays des fourrures

    Déjà, Jules Verne tirait une sonnette d'alarmes en ce qui concerne la chasse des animaux à fourrures dont l'extinction est menacée et très régulée de nos jours.

    Voici un extrait qui en dit long  : 

     «Jusqu’en 1837, madame, dit-il, on peut affirmer que la situation de la Compagnie a été florissante. En cette année-là, l’exportation des peaux s’était encore élevée au chiffre de deux millions trois cent cinquante-huit mille. Mais depuis, il a toujours été en diminuant, et maintenant ce chiffre s’est abaissé de moitié au moins.

    – Mais à quelle cause attribuez-vous cet abaissement notable dans l’exportation des fourrures? demanda Mrs. Paulina Barnett.

     

    – Au dépeuplement que l’activité, et j’ajoute, l’incurie des chasseurs, ont provoqué sur les territoires de chasse. On a traqué et tué sans relâche. Ces massacres se sont faits sans discernement. Les petits, les femelles pleines n’ont même pas été épargnés. De là, une rareté inévitable dans le nombre des animaux à fourrures. La loutre a presque complètement disparu et ne se retrouve guère que près des îles du Pacifique nord. Les castors se sont réfugiés par petits détachements sur les rives des plus lointaines rivières. De même pour tant d’autres animaux précieux qui ont dû fuir devant l’invasion des chasseurs. Les trappes, qui regorgeaient autrefois, sont vides à présent. Le prix des peaux augmente, et cela précisément à une époque où les fourrures sont très recherchées. Aussi, les chasseurs se dégoûtent, et il ne reste plus que les audacieux et les infatigables qui s’avancent maintenant jusqu’aux limites du continent américain.