• Un Capitaine de quinze ans

    Le Pilgrim vogue vers l'Amérique. Dick Sand, jeune homme de quinze ans, y côtoie quelques passagers pittoresques : Mrs. Weldon, le cousin Bénédict, et quelques Noirs américains.
    Par un concours de circonstances des plus mystérieux, l'équipage disparaît. Dick se retrouve aux commandes. Alors qu'il croit mener l'embarcation à bon port, le "capitaine de quinze ans" et ses compagnons se retrouvent en Afrique. Parmi les esclavagistes...
    En effet, Negoro, le maître-queux énigmatique du bord va profiter d'une absence du jeune capitaine à la barre du Pilgrim pour fausser la seule boussole du bord, ce qui conduira le bateau sur les côtes de l'Afrique au lieu de le ramener aux États-Unis.
    Une aventure palpitante va alors commencer pour le jeune Dick Sand et ses amis...

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    Un capitaine de quinze ans

    Extrait sur la traite des noirs :

     

    C’est au XVe siècle seulement que l’on voit s’exercer, pour la première fois, la traite des noirs, et voici dans quelles circonstances elle fut établie :

    Les Musulmans, après avoir été chassés d’Espagne, s’étaient réfugiés au-delà du détroit sur la côte d’Afrique. Les Portugais, qui occupaient alors cette partie du littoral, les poursuivirent avec acharnement. Un certain nombre de ces fugitifs furent faits prisonniers et ramenés en Portugal. Réduits en esclavage, ils constituèrent le premier noyau d’esclaves africains qui ait été formé dans l’Europe occidentale depuis l’ère chrétienne.

    Mais ces Musulmans appartenaient pour la plupart à de riches familles, qui voulurent les racheter à prix d’or. Refus des Portugais d’accepter une rançon, quelque importante qu’elle fût. Ils n’avaient que faire de l’or étranger. Ce qui leur manquait, c’étaient les bras indispensables au travail des colonies naissantes, et, pour tout dire, les bras de l’esclave.

    Les familles musulmanes, ne pouvant racheter leurs parents captifs, offrirent alors de les échanger contre un plus grand nombre de noirs africains, dont il n’était que trop facile de s’emparer. L’offre fut acceptée par les Portugais, qui trouvaient leur avantage à cet échange, et c’est ainsi que la traite se fonda en Europe.

    Un Capitaine de quinze ans - Extraits

     

    Jules Verne nous explique comment l'esclavage à commencer...

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    La traite ! Personne n’ignore la signification de ce mot, qui n’aurait jamais dû trouver place dans le langage humain. Ce trafic abominable, longtemps pratiqué au profit des nations européennes qui possédaient des colonies d’outre-mer, a été interdit depuis bien des années déjà. Cependant, il s’opère toujours sur une vaste échelle, et principalement dans l’Afrique centrale. En plein XIXe siècle, la  signature de quelques États qui se disent chrétiens, manque encore à l’acte d’abolition de l’esclavage.

    On pourrait croire que la traite ne se fait plus, que cet achat et cette vente de créatures humaines ont cessé ! Il n’en est rien, et c’est là ce qu’il faut que le lecteur sache, s’il veut s’intéresser plus intimement à la seconde partie de cette histoire. Il faut qu’il apprenne ce que sont actuellement encore ces chasses à l’homme, qui menacent de dépeupler tout un continent pour l’entretien de quelques colonies à esclaves, où et comment s’exécutent ces razzias barbares, ce qu’elles coûtent de sang, ce qu’elles provoquent d’incendies et de pillages, enfin au profit de qui elles se font. 

    C’est au XVe siècle seulement que l’on voit s’exercer, pour la première fois, la traite des noirs, et voici dans quelles circonstances elle fut établie :

    Les Musulmans, après avoir été chassés d’Espagne, s’étaient réfugiés au-delà du détroit sur la côte d’Afrique. Les Portugais, qui occupaient alors cette partie du littoral, les poursuivirent avec acharnement. Un certain nombre de ces fugitifs furent faits prisonniers et ramenés en Portugal. Réduits en esclavage, ils constituèrent le premier noyau d’esclaves africains qui ait été formé dans l’Europe occidentale depuis l’ère chrétienne.

    Mais ces Musulmans appartenaient pour la plupart à de riches familles, qui voulurent les racheter à prix d’or. Refus des Portugais d’accepter une rançon, quelque importante qu’elle fût. Ils n’avaient que faire de l’or étranger. Ce qui leur manquait, c’étaient les bras indispensables au travail des colonies naissantes, et, pour tout dire, les bras de l’esclave.

    Les familles musulmanes, ne pouvant racheter leurs parents captifs, offrirent alors de les échanger contre un plus grand nombre de noirs africains, dont il n’était que trop facile de s’emparer. L’offre fut acceptée par les Portugais, qui trouvaient leur avantage à cet échange, et c’est ainsi que la traite se fonda en Europe.

     

    Vers la fin du XVIe siècle, cet odieux trafic était généralement admis, et les mœurs encore barbares n’y répugnaient pas. Tous les États le protégeaient, afin d’arriver plus rapidement et plus sûrement à coloniser les îles du Nouveau-Monde. En effet, les esclaves d’origine noire pouvaient résister, là où les blancs, mal acclimatés, impropres encore à supporter la chaleur des climats intertropicaux, eussent péri par milliers. Le transport des nègres aux colonies d’Amérique se fit donc régulièrement par des bâtiments spéciaux, et cette branche du commerce transatlantique amena la création de comptoirs importants sur  divers points du littoral africain. La « marchandise » coûtait peu au pays de production, et les bénéfices étaient considérables.